À propos des abeilles
Prendre soin des abeilles pour en récolter le miel et la cire s’appelle l’apiculture. Une pratique vieille comme l'Humanité, puisque les peintures rupestres montrent que nos ancêtres préhistoriques s'y intéressaient déjà de près. De toute façon, l'abeille existait bien avant nous, les paléontologues ayant trouvé des fossiles de l'insecte-Roi datant de plus de 40 millions d'années avant notre Ere. Elle fascine depuis l'Antiquité et notre connaissance de cet animal représentant le sommet de la sophistication chez les Invertébrés ne progresse vraiment que depuis le XX°Siècle (la découverte du sens des danses d'orientation des abeilles par le savant Karl Von Frisch lui valut d'obtenir en 1973 le Prix Nobel de Physiologie et de Médecine, partagé avec les deux autres spécialistes du comportement animal Konrad Lorenz et Nikolaas Tinbergen).
Les principales productions des abeilles sont le miel, la cire, le pollen, la propolis et la gelée royale. Surtout, ces travailleuses infatigables pollinisent avec une efficacité sans pareille les plantes à fleurs - ce qui est particulièrement important pour les cultures agricoles de fruits ou de graines : rendements augmentés tant en quantité qu'en qualité (arbres fruitiers, fraises, oignons, sarrasin…).
Le miel est le plus connu des produits de la ruche (des tablettes d'argile mésopotamiennes le mentionnaient déjà comme médicament, il y a 4 700 ans). La substance sucrée mise en provision dans les ruches par les abeilles est à la fois un aliment énergétique de premier plan recherché par les sportifs (310 calories pour 100 grammes), un améliorateur du taux d'hémoglobine dans le sang ou de la rétention du calcium comme du magnésium, et une substance cicatrisante si efficace que certains hôpitaux ont commencé à l'utiliser en version purifiée sur des patients juste opérés. Après tout, Aristote recommandait, 4 siècles avant notre Ere, l'application de miel blanc pour calmer un oeil enflammé - et les Indiens eux-mêmes le considèrent comme "le médicament de l'oeil malade".
Mais il n'y a pas que le miel. Les produits de la ruche sont aussi variés que bienfaisants (l'apithérapie se pratique depuis des milliers d'années) :
- la cire (fabriquée par les glandes cirières de l'ouvrière, quand elle a entre 5 et 20 jours) donne un encaustique naturel (sans équivalent industriel) d'un beau brillant, qui limite les traces de doigts et possède un parfum agréable (qui éloigne… les insectes !), bien connu depuis des Siècles pour traiter meubles et parquets en bois comme, bien sûr, pour fabriquer les bougies. Mélange très complexe de composés organiques recensant plus de 300 composants identifiés, la cire trouve aussi de nombreuses applications modernes en cosmétique et pharmacie (rouges à lèvres, crèmes…).
- le pollen (source unique des protéines indispensables à l'ouvrière) fournit un complément alimentaire de premier plan pour les humains. De composition extrêmement variée suivant les régions (et ses fleurs butinées), il est aussi riche en glucides (principalement glucose et fructose) qu'en protéines - ces deux éléments représentent 50% de sa masse - et contient un nombre impressionnant d'éléments particulièrement bénéfiques pour la Santé : acides aminés, nombreux sels minéraux (potassium, calcium, magnesium, phosphore, fer… dont le sélénium, un antioxydant très rare), vitamines en quantités (A, B2, B3, B5, B6… D, E, H, acide folique, etc…). C'est bien simple : 100 grammes de pollen alimentent autant que 500 grammes de boeuf ou 7 oeufs !
- la propolis (résine végétale prélevée sur certains arbres, puis transformée par les butineuses en une sorte de mastic naturel) est utilisée par les abeilles à la fois pour colmater des fissures, protéger la colonie contre l'humidité et éviter le développement des moisissures ou autres agents pathogènes. C'est l'agent protecteur de la ruche, par excellence. C'est d'ailleurs pour ses propriétés fongicides, bactéricides et antivirales que les Egyptiens l'incorporaient à leur fameux onguent momifiant les Pharaons. Sa récolte est compliquée (une colonie en produit un maximum de 100 à 300 grammes par an) mais les vertus médicinales éprouvées de ses éléments solubles (flavonoïdes, en particulier) en font un composant de choix pour la pharmacologie : oto-rhino-laryngologie (angines, otites, sinusites…), stomatologie (infections dentaires, gingivites…), dermatologie…
- la gelée royale (source d'alimentation de la Reine) est la substance la plus élaborée de la ruche et la clé du bon développement de toute la colonie. C'est un aliment extraordinaire - sorte de pollen prédigéré - pratiquement sans lipides et extrêmement riche en protéines, où l'on trouve principalement des acides aminés, des vitamines (notamment l'acide pantothénique - B5 -) et de multiples oligoéléments (dont l'acetylcholine, une substance antibactérienne et antifongique). En 5 jours, et grâce à lui, une larve multiplie son poids initial … par 1 800 (cas unique, dans le monde animal). Ce stimulant naturel ultra-puissant est recommandé par les médecins pour améliorer (parfois spectaculairement) notre résistance biologique, redonnant à la fois tonus et bonne humeur (effet euphorisant reconnu) aux personnes âgées, aux adolescents comme aux sportifs de haut niveau (récupération accélérée de fatigues physiques et nerveuses). Son seul inconvénient : Sa fragilité et les faibles quantités produites demandent à l'apiculteur un grand savoir-faire et beaucoup de travail.
- le venin d'abeille (secrétée par toutes les ouvrières) effraie les hommes presque autant que la morsure du serpent. Pourtant, comme nombre de poisons, cette substance - dont toutes les propriétés ne sont pas encore connues - possède des vertus médicales étonnantes : le roi Charlemagne ou Ivan le Terrible l'utilisaient déjà pour soulager leurs rhumatismes et leurs crises de goutte. Preuve de l'efficacité de cette action anti-inflammatoire : il est rare qu'un apiculteur souffre de rhumatisme. Au jour d'aujourd'hui, le venin d'abeille demeure la substance la plus efficace contre l'arthrite, qu'elle soit aigüe, chronique, d'origine traumatique ou organique (goutte). Mieux encore : ses 2% d'apamine, un pepside basique agissant sur le système nerveux, le rendent particulièrement recommandable pour les maladies auto-immunes - dont la tristement célèbre sclérose en plaques : aucun autre traitement n'est capable, à ce jour, d'égaler ses vertus neurotropes et le nombre de témoignages de patients ayant bénéficié d'une récupération remarquable grâce à ce venin spécifique incite les médecins du monde entier à le considérer avec un extrême intérêt.